Six casinos, 36.000 chambres d’hôtel, trois terrains de golf, un auditorium de 15.000 places… Le milliardaire américain Sheldon Adelson ne fait pas les choses à moitié quand il réfléchit à son projet de Las Vegas européen, Eurovegas. Il met également sur la table des promesses : 17 milliards d’euros d’investissements, 164.000 emplois directs et 97.000 indirects. Voilà de quoi faire saliver l’Espagne en crise…
Mais Sheldon Adelson pose ses conditions, et ce n’est rien de dire qu’elles sont drastiques !
Si le magnat américain prend en charge les investissements pour construire son complexe dédié au jeu, les collectivités sont mises à contribution pour développer les infrastructures nécessaires : échangeurs autoroutiers, prolongement du métro, gare TGV, héliport, terminal dédié à l’aéroport Madrid-Barajas. Des centaines de millions d’euros d’argent public sont en jeu, ce qui ne manque pas de faire grincer des dents en Espagne, déjà suréquipée en infrastructures inutiles (aéroports fantômes, gare où aucun train ne s’arrête, etc).
Mais cela ne suffit pas pour convaincre Adelson d’investir en Espagne ! Celui-ci exige que l’Etat se porte garant de ses emprunts, il réclame des exemptions de cotisations sociales et des ristournes fiscales, ainsi qu’une modification du Code du travail et des conventions collectives. Il exige que la collectivité lui cède les terrains, et exproprie les propriétaires privés concernés par la zone de développement du projet. Nous sommes là dans une pure utopie néo-libérale : l’Etat n’est là que pour servir les intérêts privés, mais est inexistant quand il s’agit de défendre l’intérêt général.
Plus étrange : Adelson souhaite pouvoir autoriser l’entrée des mineurs dans ses casinos, il demande à ce que l’interdiction de fumer dans les lieux publics ne s’applique pas à Eurovegas, il envisage de pouvoir prêter de l’argent aux joueurs, et exige même une réforme de la loi contre le blanchiment d’argent ! On frôle là l’immoralité…
Les responsables politiques espagnols, aveuglés par les promesses d’investissement et de création d’emploi, se sont montrés ouverts à des modifications de la réglementation, si cela devait faciliter l’avancée du projet. Les négociations ont du avancer en coulisses, le début des travaux étant annoncé pour fin 2013/début 2014…
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