Mi-septembre, le groupe Fagor Electrodomestiques, cinquième fabricant européen de produits électroménagers, se déclarait en processus de « prédépôt » de bilan. Cette procédure laisse quatre mois à la direction du groupe, qui emploie plus de 5 600 personnes en Espagne et à l’étranger, pour trouver une solution ou se déclarer en faillite. Symbole du mouvement coopératif basque (Fagor Electrodomestiques est une filiale du premier groupe coopératif mondial Mondragón, 80 000 salariés dans le monde), Fagor n’a pas résisté à la crise qui frappe l’Espagne.
La faillite prévisible de Fagor vient contredire les annonces du gouvernement espagnol, selon qui la reprise de l’économie espagnole s’est amorcée. A vrai dire seuls quelques indicateurs macro-économiques sont repassés au vert : le taux de croissance (la hausse est symbolique : 0,1%), et surtout la balance commerciale, les exportations espagnoles profitant d’un coût du travail réduit après les réformes Rajoy, confirmant le scénario d’une dévaluation interne en Espagne. Mais le taux de chômage est toujours aussi haut (il continue d’ailleurs de monter), et le secteur bancaire présente toujours d’inquiétants signes de fragilité.
La chute de Fagor le montre bien : le tissu industriel espagnol est atteint en profondeur après l’explosion de la bulle immobilière en 2008. Fagor avait profité des années fastes de l’immobilier : un logement qui se construit a en effet besoin d’être équipé en électro-ménager ! Aujourd’hui la manne immobilière s’est tarie, Fagor devient une victime collatérale du krach immobilier. 2008 est la dernière année bénéficiaire pour Fagor. Les pertes se creusent, l’endettement progresse (800 millions d’euros aujourd’hui) : l’entreprise est dans la tourmente.
L’élément déclencheur est la décision de la coopérative Mondragón de cesser de renflouer sa filiale-phare. Fagor se retrouve asphyxié. Il lui manquerait 170 millions d’euros d’argent frais pour éviter la faillite. L’Espagne et la France (où Fagor avait racheté les usines Brandt) vont-elles contribuer au sauvetage de Fagor ? A suivre…
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